A Fès, l’artisanat est plus qu’un métier, c’est une tradition qui se transmet de père en fils et dans beaucoup de cas de «Maâlems» à «Sanâa» (ou Snayîi). Que de fois a-t-on entendu l’expression «que dieu bénisse ceux qui nous ont appris le métier» ou encore le dicton qui stipule que la «Sanâe» (ou métier artisanal), s’il n’enrichit pas, comble au moins de bienfaits, donne la satisfaction, voire prolonge la vie…

Le fait est que la médina regorge d’ateliers et de petites usines où sont, à longueur d’année, confectionnés des trésors dont, certes, ceux qui les font connaissent la vraie valeur, comptée au nombre d’heures de travail, à la maîtrise du métier et à toute goutte de sueur versée au travail. Mais beaucoup aujourd’hui ignorent cette valeur. Il faut dire que bien avant la pandémie, ce secteur commençait déjà à perdre de son rayonnement. La disparition de bon nombre de «Mâalems» qui détenaient les secrets de l’art et du métier et le désintéressement quasi total de la jeune génération. Puis vint la crise sanitaire qui a mis à terre d’autres, forcés de mettre la clé sous le paillasson.

L’on vivait alors la mort lente et atroce de cet art qui pullulait au point que la médina, voire la ville entière, respirait l’artisanat à travers ses 40000 artisans (beaucoup moins aujourd’hui) qui s’activaient dans plus d’une vingtaine d’activités d’art et de production, répartis sur sept secteurs, dont on citera ici la poterie et la céramique ou «zellij» à qui toute la ville doit encore à ce jour, sa réputation ainsi que les tanneries dont les quartiers sont un musée à ciel ouvert et les fidèles gardiens de techniques ancestrales et une mémoire vivante …