Le cadre dirigeant, peut-il laisser parler ses émotions ?

C’est une question qui se pose, mais qui reste taboue. Parce que la posture dépasse souvent la fonction mais aussi parce que les préjugés associés à la fonction sont nombreux, la réponse offre aujourd’hui encore trop peu de nuances.

Qu’attend-on, dans une organisation, d’un cadre dirigeant ? En matière d’attitude, on imagine le cadre à travers ses qualités de leadership : il est celui qui montre la voie, qui guide ses équipes, qui porte la responsabilité de la décision et assume les ratés. Il incarne par ailleurs une figure presque parentale ; il doit être celui qui forme, fait grandir, inspire. Mais surtout, peut-être, il doit être fort. Ne pas plier, « encaisser » les chocs, les revirements, s’adapter toujours. Sans fléchir. Pourtant, dans une ère où l’intelligence émotionnelle est portée aux nues, valorisée comme peu d’autres qualités ou compétences, en tolère-t-on réellement l’expression lorsque celle-ci s’applique aux cadres dirigeants, et à plus forte raison, aux femmes dirigeantes ?

Du rôle à la réalité : derrière une fonction et une posture, des êtres humains

Alors que l’on pense aujourd’hui l’organisation de manière plus « plate », méprenant parfois l’holocratie pour une hiérarchie tout à fait horizontale, on observe que les fonctions d’encadrement et de direction sont en fait de plus en plus denses. Les projets de transformation inhérents aux périodes que nous traversons, l’émergence de nouveaux enjeux sociétaux, environnementaux et en matière de développement et de rétention des collaborateurs, de flexibilité ou encore de modes de travail sont autant de sujets qui incombent pleinement aux responsables. Les responsabilités sont-elles plus nombreuses, ou les attentes quant à ces responsabilités plus prégnantes ? La question peut être posée. Selon les résultats du Trust barometer 2023 d’Edelman, l’attente des Français est aujourd’hui que le leadership s’incarne dans des prises positions claires sur le changement climatique (82%), le traitement des employés (89%), les inégalités économiques (78%) ou encore les discriminations (70%).