L’enchaînement des crises contraint à de continuels ajustements budgétaires et organisationnels. En conséquence, la gestion du court terme s’est imposée aux dépens de la projection sur le long terme. Il est pourtant permis de se demander si l’accumulation des incertitudes ne rend pas nécessaire de réapprendre à réfléchir et à planifier.

Il a longtemps été enseigné qu’en vue de développer les activités de l’entreprise, l’équipe dirigeante devait commencer par se plier à l’exercice de la planification stratégique. Cette planification passe ordinairement par 5 étapes, qui sont la fixation des objectifs, la formulation de la stratégie, l’élaboration des politiques fonctionnelles, le lancement des programmes, des plans d’actions et des budgets puis la comparaison des objectifs aux résultats obtenus.

Tout ce processus semble parfaitement au point mais, dans le monde actuel, il a perdu beaucoup de sa pertinence. De plus, les outils classiques que sont la courbe d’expérience, le cycle de vie, le vecteur de croissance, les matrices du Boston Consulting Group et de Mac Kinsey s’avèrent presque désuets puisque les aléas conjoncturels imposent de procéder à des forecasts budgétaires de plus en plus fréquents et à des réorganisations de plus en plus drastiques.

Dans son livre Entrer en stratégie, le général Vincent Desportes reconnaît d’ailleurs que « l’exercice stratégique est toujours délicat parce qu’il se construit et se développe dans un environnement qu’il est impossible de ramener au connu et au prévisible ».